Ca ne se passera pas comme ça !
Certain(e)s ( pas assez hélas !) s’interrogent sur le « paradoxe manchettien » : mépris de la Littérature contemporaine/ « littérarisation » du polar…
Il faudrait se souvenir que RIEN , JAMAIS, n’est créé « ex nihilo » et moins encore « in abstracto » : l’(es) œuvre(s) de Manchette sont à (re)lire dans la complexité de leurs conditions de production, même « littéraires »: ne l’oublions pas, en même temps qu’ auteur de romans noirs -et clairement revendiqués comme tels- Manchette fut aussi scénariste ( bonjour le « pitch » !), traducteur ( d’auteurs aussi différents que Westlake, Littel et Ross Mc Donald !), critique de cinéma ( « Les yeux de la Momie » : bonjour l’usine à fantasmes !), commentateur prolifique des œuvres de ses contemporains dans « Les Notes noires »…
Bref, bcp d’inter(ré)férences : on est en plein « effet pongiste » (bonjour les retours de balle) entre ces activités scripturales et la production des « œuvres »… Là-dessus, on peut pas mal gamberger/tartiner…
Mais il y a pire : si l’on s’en tient à Ricoeur ( « Du texte à l’action », Seuil, p 120 et sq. ) :
« ( …) la notion d’œuvre apparaît comme médiation pratique entre irrationalité de l’événement – laissons à Ricoeur la respons de cet « irrationnel » fort peu « marxiste ») et la rationalité du sens »(Aurait-on pu dire « de l !intention » ?). Elle est donc l’aboutissement « d’une expérience déjà – N du B : même inconsciemment – structurée mais comportant des ouvertures, des possibilités de jeu ( N du B : Si !Si !), des indéterminations, ; saisir une œuvre, (…) c’est saisir le rapport entre la situation – N du B : les conditions de production ? – et le projet ». ( Fin de cit.)… Je ne vous le fais pas dire : y a du pain sur la planche de l’interprétation ( on y reviendra…)
PS/ N du B derechef : considérant le polar contemporain ( français, belge ou malgache ) comme le « Canada Dry » du roman noir « hardboiled » US des années ’30 –40, Manchette devait se traîner un amer goût de « trop peu »…Et pourtant, il redémarrait, au cœur de son cyclone personnel, « Les Gens du Mauvais Temps », cet au-delà du polar : en découdre avec « L’ Ile au Trésor », « La Comédie humaine », « Les Rougons », « Les Misérables », « Le Voyage » et « A l’Est d’ Eden », vu l’ambition du projet ? Respect, moussaillon !!!
NB : N du Benêt bavard, votre serviteur.
Voiler/dévoiler ?
Au-delà ?
Instituer / désinstituer / réinsti-tuer ?
Question à la littérature, au récit selon, entre autres, l’ herméneutique :
tout récit suppose une suspension du réel, mise à distance ( l« épochè » phénoménologique…) ;
Dans le but de voiler « pudiquement » ou de « mettre à jour » ?
C’est un choix « littéraire » mais aussi social et poliique : complicité avec l’institution dominante…
Souvenons-nous de l’admiration de Manchette pour Orwell : l’auteur de « Catalogne libre » mais aussi « 1984 » et surtout « Les colonies »
Ainsi, un récit qui met en intrigue la confusion des « sentiments » peut très bien se contenter d’illustrer la confusion des « émotions » ( « Jet set « I, II,…) ou « représenter » le jeu vital mais confus des postures et des positions sociales ( « La Garçonnière » ou « Shadows ») … ou encore tout faire éclater : « Voyage au bout de l’Enfer », « La Prisonnière du Désert », « Gloria » de Cassavetes ou « Monfleet »…

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